Rouge du Pays
Description
Cépage emblématique du Valais, originaire du val d’Aoste, cultivé exclusivement en Valais le plus souvent sous le nom emprunté de Cornalin, bien que distinct du Cornalin valdôtain.
Général & Histoire
Le Rouge du Pays est l’un des plus anciens cépages rouges cultivés en Valais, comme l’attestent des treilles pluri-centenaires à Loèche, Ollon (Lens), Ardon, Tourtemagne ou encore à Visperterminen. Sa première mention n’apparaît qu’en 1878, mais il était probablement inclus dans les cépages qu’on nommait auparavant tout simplement « les rouges». Par contre, rien ne permet de l’identifier à l’énigmatique neyrun mentionné en 1313 aux côtés de la Rèze et de l’Humagne dans le « Registre d’Anniviers ». À partir du milieu du XIXe siècle, il a été supplanté par le Pinot Noir et le Gamay, nettement plus faciles à cultiver que ce cépage peu productif et sensible à la carence en magnésium. Le Rouge du Pays a en effet frôlé l’extinction au milieu du XXe siècle, à tel point qu’il n’en subsistait que cinq vignes à la fin des années 1960. Il a été récupéré au début des années 1970, et en 1972 il a été rebaptisé Cornalin, empruntant sciemment le nom d’un cépage du val d’Aoste (qui est d’ailleurs appelé Humagne Rouge en Valais). Cette erreur ampélographique est source de confusion, car les plantations du vrai Cornalin sont en augmentation au Val d’Aoste qui a l’avantage de la règle de précédence pour l’usage de ce nom, c’est pourquoi l'auteur préconise l’usage du nom historique Rouge du Pays.
Grâce au test de paternité, les parents du Rouge du Pays ont été découverts : il s’agit d’un croisement naturel entre le Petit Rouge et le Mayolet du val d’Aoste, deux cépages souvent cultivés dans les mêmes vignobles, par exemple dans le fameux cru de Torrette. Né au val d’Aoste, le Rouge du Pays a été introduit en Valais il y a plusieurs siècles, probablement via le col du Grand-Saint-Bernard. S’il a aujourd’hui disparu de son val d’Aoste natal, il y a toutefois laissé des traces: le test ADN a permis de montrer que le Rouge du Pays est le géniteur du Roussin, du Neret di Saint-Vincent, et du… Cornalin, d’où l’utilité de s’en tenir aux noms ampélographiques valides.
Le Rouge du Pays est issu d’un croisement naturel entre le Mayolet et le Petit Rouge du val d’Aoste. C’est donc aussi un petit-fils (ou un demi-frère) du Prié valdôtain. Le Rouge du Pays a enfanté plusieurs cépages d’origine valdôtaine, dont le Goron de Bovernier et le Cornalin.
Zone de distribution hier et aujourd'hui
135.7 ha à ce jour, presque exclusivement dans le Valais, le plus souvent sous le nom usurpé de Cornalin.
Aptitude spécifique
Ce cépage difficile à cultiver peut donner des grands vins lorsque les rendements sont bien maîtrisés. Il offre alors des arômes de cerise noire, de violette et de framboise, des tannins denses et soyeux, et une agréable pointe d’amertume en finale.
·Vouillamoz, J. (2017). Cépages suisses, histoires et origines. Ed. Favre
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