Hornuss
Le hornuss est un sport traditionnel pratiqué principalement en Suisse, notamment dans la région germanophone. Il est considéré comme l'un des trois sports nationaux ancestraux, aux côtés de la lutte suisse (Schwingen) et du lancer de la pierre d'Unspunnen, tous trois mis à l'honneur lors de la fête fédérale de lutte et des jeux alpestres.
Le jeu se déroule sur un terrain, appelé "champ", dont la largeur varie entre 8 m près du lanceur (100 m) et 14,7 m à 300 m, la distance maximale. Le champ est subdivisé en zones de points : chaque intervalle de 10 m ajoute un point pour l'attaquant, jusqu'à un maximum de 20 points. Deux équipes de 16 à 18 joueurs alternent entre les phases d'attaque et de défense.
L'attaque consiste à frapper un palet, ou "hornuss", en plastique de 62 x 32 mm, posé sur une rampe de lancement appelée "bock". Le joueur utilise un fouet flexible de 2 à 3 m de long pour propulser le hornuss vers le terrain. L'équipe défensive est positionnée à une distance de 100 à 300 m de la zone de lancement. Leur objectif est d'intercepter le hornuss avant qu'il ne touche le sol, en lançant en l'air une palette, un panneau en bois de 60 x 60 cm.
Si le palet touche le sol, l'équipe défensive reçoit des points de pénalité appelés "numéros". En parallèle, la distance parcourue par le hornuss détermine le nombre de points attribués à l'attaque. L'équipe victorieuse est celle qui accumule le moins de numéros, signifiant qu'elle a intercepté le plus de hornuss.
Chaque attaquant dispose de trois essais, et seuls les deux meilleurs coups sont pris en compte. Une fois que tous les membres de l’équipe ont frappé le hornuss, les rôles s'inversent entre les équipes.
Des variantes de ce sport existent selon les cantons. Par exemple, en Valais, on pratique le Gilihüsine, tandis que dans les Grisons, une version appelée Hürna est jouée.
Histoire
Les origines du hornuss sont floues, mais la première mention écrite de ce sport remonte à 1625, dans la région de l'Emmental bernois. C'est l'écrivain bernois Jeremias Gotthelf qui, dans son roman Uli le valet de ferme, en décrit les pratiques, soulignant son importance dans la vie rurale de l'époque.
Bien que très populaire, le hornuss fut à un moment interdit, notamment pour les parties dominicales. Les autorités civiles et religieuses craignaient que ces rassemblements ne troublent la sérénité du dimanche et ne détournent les fidèles de la religion.
À la fin du XIXe siècle, alors que la Suisse cherchait à définir son identité nationale, les traditions rurales furent réévaluées et revalorisées. Le hornuss devint dès lors un jeu national, aux côtés de la lutte suisse et du lancer de la pierre d'Unspunnen. C'est à cette période que furent organisées les premières fêtes fédérales visant à célébrer ces trois sports nationaux. D'autres traditions suisses, telles que le yodel, le cor des Alpes et le lancer de drapeau, y sont également mises à l'honneur, dans un esprit de rapprochement entre les mondes urbain et rural, et pour renforcer le sentiment patriotique.
En 1902, la création de l'Association fédérale de hornuss (EHV) marque une étape importante. C’est elle ainsi que les associations régionales, qui sont responsables de l'organisation des différents championnats et des rencontres intercantonales. Autrefois réservé aux hommes, ce sport est désormais ouvert aux femmes, qui participent à tous les postes, dans des équipes mixtes.
Les sociétés de hornuss sont régulièrement invitées à promouvoir leur sport lors de la fête fédérale de lutte et des jeux alpestres, qui se tient tous les trois ans. Fait intéressant, des immigrés suisses en Afrique du Sud et en Allemagne ont également perpétué la tradition du hornuss en y fondant des clubs locaux. Ces clubs ont même l'occasion de participer aux fêtes fédérales de hornuss organisées tous les trois ans en Suisse.
https://www.lebendige-traditionen.ch/tradition/fr/home/traditions/le-hornuss.html
https://blog.nationalmuseum.ch/fr/2022/08/hornuss-linvention-dun-sport-national/
https://www.ramseier.ch/fr/einblicke/le-hornuss-savais-tu/