Description

Rareté valaisanne localisée à Bovernier dans le val d’Entremont, récemment sauvée de l’oubli par la commune.

Général & Histoire

Mentionné pour la première fois en Valais en 1827, le Goron était autrefois localisé dans les vignobles de Bovernier, Martigny et Charrat. D’après la tradition orale, il aurait été rapporté du val d’Aoste vers le début du XIXe siècle par un charbonnier du nom de Cretton. Le test ADN m’a en effet permis de démontrer son origine valdôtaine: il s’agit d’un enfant du Rouge du Pays (ou Cornalin en Valais), né au val d’Aoste et lui aussi introduit en Valais il y a fort longtemps. Père et fils ont non seulement tous deux disparu de leur patrie d’origine, mais ils ont également failli disparaître du Valais durant le XXe siècle. En effet, victime de sa mauvaise réputation, le Goron de Bovernier a été arraché dès les années 1950, et seules quelques minuscules parcelles subsistaient encore à Bovernier au début du XXIe siècle.

Il ne faut pas confondre le cépage avec le nom de fantaisie Goron donné à une Dôle déclassée dès 1959, suite à la surproduction phénoménale de 1958, afin d’écouler les excédents. C’est pourquoi je préconise désormais d’utiliser le nom de Goron de Bovernier pour le cépage.

En 2010, la commune de Bovernier a replanté une parcelle de 700 m2 à partir des quelques rares ceps qui avaient subsisté dans son vignoble. En 2013, la dégustation du premier millésime a convaincu la commune d’en replanter 1400 m2 en 2016 afin de sauvegarder ce patrimoine local unique.

Le Goron de Bovernier est issu d’un croisement naturel entre le Rouge du Pays (ou Cornalin en Valais) et un cépage inconnu qui a probablement disparu. C’est donc un petit-fils du Mayolet et du Petit Rouge, et un arrière-petit-fils du Prié, tous valdôtains. Il est également un demi-frère du Cornalin ou Humagne Rouge en Valais.

Zone de distribution hier et aujourd'hui

Actuellement 0.21 ha, uniquement à Bovernier (Valais).

Aptitude spécifique

Le vin du Goron de Bovernier est très coloré, avec des arômes d’airelle, de raisinet, de framboise, une acidité très élevée qui apporte de la fraîcheur, et des tannins légers mais un peu rustiques, qui peuvent devenir astringents si la maturité n’est pas optimale.

Autres

Goron viendrait du patois gorr, qui signifierait quelque chose de gros, de renflé, d’arrondi, comme c’est le cas des raisins du Goron. Il pourrait aussi venir d’un nom de famille répandu déjà au Moyen Âge en Valais.

Littérature

·Vouillamoz, J. (2017). Cépages suisses, histoires et origines. Ed. Favre