Général & Histoire

En 1323 tout comme encore vers 1840 sur la Côte vaudoise, le jus de la poire Reschoz sert à fortifier le vin trop léger. Entre 1393 et 1401 à Vevey, l’Hôpital améliore aussi son vin avec des poires Reychot, Reyschoz ou Reschoz. C’est donc dans une vigne, dont la venderesse se réserve un poirier Reschos et le tiers d’un autre, que cette variété apparaît en 1260 à Vouvry où elle demeure mentionnée en 1294 quand, en plus de sa dot, une femme hérite, avec une terre, du quart d’un poirier Rescho dit Forchu et où elle apparaît à nouveau en 1325 quand l’Hospice du Grand-Saint-Bernard fait l’acquisition de poiriers Reschoz. Par ailleurs, un perez Rechoz se trouve en 1358 à Brent et un poirier Rechuz en 1418 à Trélex. Des poires Reschoz sont vendues en 1405 au marché de Lausanne. L’appellation signifie âpre.
Dans le domaine toponymique, on note Ou Perrer Rescho en 1297 à Fontanezier, Es Perers Reschos en 1317 à Dommartin, Perrer Rechio en 1332 pour une vigne à Villeneuve, Pirum rostidam Recho en 1339 à Colombier NE, Ou Pereir Reschoz en 1412 à Boulens, Ou Pereir Reschoz en 1429 à Sullens, Peyro Rechoz en 1450 à Dommartin, Ou Perier Rechoz en 1484 et 1521 à Baulmes et Ouz Perey Reschet puis En Perey Rechet dès 1498 à Moiry.
En 1901, cette poire est signalée dans une vingtaine de localités.

Utilisation

Dit peri Ritz en patois, ce fruit valaisan est surtout pressuré. Jusque vers 1950 à Charrat, on en fait de la « vinasse », boisson à usage domestique. A Leytron, on en fait de la « bringue » en mélangeant son jus au moût du Fendant. A Riddes, on le cuit avec du lard, on l’ajoute aux racines de gentiane en fermentation pour en augmenter le rendement et on en fait du « cidre ». A Fully et Saxon, on l’écrase dans la pâte d'une partie des pains lors de la fournée automnale . Au Châble, on le ramasse sur la neige pour en faire une gelée délicieuse. A Conthey, on le réduit en crœtchettes.

Aptitude spécifique

En 1887, en Valais, il est « plutôt petit, de forme ovoïde-arrondie, à peau jaune-vert, rougie à l'insolation, à chair grossière, granulée, âpre et astringente, à maturité en octobre-novembre ».

Fruit moyen (diam. 43-62 mm), turbiné, souvent creusé d’une fossette à la base.
Pédoncule fort, élargi à la fracture, brun (sauf parfois à l’implantation), piqué de fines lenticelles claires (21-39 mm). Le revêtement déborde sur le fruit en voile fauve un peu rugueux.
Œil ouvert, inséré dans une dépression étroite, régulière, revêtue de rouille fauve débordante.
Peau vert pâle, rarement colorée secondairement, en bonne partie voilée de fauve, mouchetée de rouille et rude au toucher.
Chair verdâtre ou jaunâtre, ferme voire dure, croquante, grossière, pierreuse, turgescente et très juteuse, assez sucrée, astringente et âcre mais dépourvue d'acidité, s’oxydant à l’air.
Pépins fertiles peu nombreux (0-2). L'axe est rarement creux mais le tube stylaire peut pénétrer profondément.
Conservation au sol jusqu’en janvier mais blettissement plus précoce en cave.
Echantillon prélevé chez Marc Jaquier dans le hameau de Produit (Leytron).

Littérature

· Vauthier, B. (2006). Le patrimoine fruitier de Suisse romande. Ed. La Bibliothèque des Arts.

Liens